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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayDu 14 au 17 août, les meilleurs joueurs du pays s’affrontent à Edmonton aux championnats canadiens d’ultimate. La formation féminine torontoise des 6ixers est bien déterminée à grimper sur la plus haute marche du podium. Mais au-delà de la victoire, ces athlètes se battent aussi pour la reconnaissance d’un sport qui peine encore à s’imposer sur la scène internationale.
Tous les mardis, la vingtaine de joueuses des 6ixers s'entraîne au parc Sunnybrook, dans le nord de Toronto. Le terrain en gazon naturel, irrégulier, n’est pas à la hauteur des efforts qu’elles déploient pour rester au sommet.

Les principales rivales des 6ixers aux championnats canadiens sont iris, du Québec et Traffic, de la Colombie-Britannique.
Photo : Radio-Canada / Marion Bérubé
On s’entraîne deux fois par semaine, en plus de camps d’entraînement les fins de semaine, explique la capitaine de l'équipe, Elyssa Mason. Sans compter les nombreuses séances à la salle de sport et la participation à des tournois aux États-Unis durant l’été.

Elyssa Mason, la capitaine des 6ixers, pratique l’ultimate sur la scène compétitive depuis dix ans.
Photo : Radio-Canada / Marion Bérubé
Depuis le début de la saison, la formation n’a qu’un seul objectif en tête : remporter les championnats canadiens. Au total, 48 équipes – 16 dans chacune des trois catégories, ouverte, féminine et mixte – s’affrontent. Chaque équipe gagnante décroche automatiquement son billet pour les championnats mondiaux par club, qui auront lieu l’an prochain à Limerick, en Irlande.
Chaque équipe a cet évènement encerclé à son calendrier depuis deux, trois ans. Ce tournoi est leur objectif principal.
Un sport en quête de reconnaissance
Le sport, inventé à la fin des années 1960 aux États-Unis, compte maintenant des millions d’adeptes dans le monde. En 2010, on avait 52 pays membres. Aujourd’hui, on en a 118, on a plus que doublé. Le sport se développe non seulement dans de nouveaux pays, mais aussi à l’intérieur même des pays, se réjouit le président de la Fédération mondiale de disque volant, Robert Rauch.
Si l’on regarde nos deux principaux sports, l’ultimate frisbee et le disque golf, il y a environ 15 millions de personnes dans le monde qui jouent de façon relativement compétitive, note M. Rauch.

« Le Canada est clairement dans le top 5 mondial », pense le président de la Fédération mondiale de disque volant.
Photo : Radio-Canada / Marion Bérubé
En 2024, nous comptions 5700 athlètes compétitifs au Canada, et environ 35 000 joueurs dans des programmes de base, dit Jamie Millage, d’Ultimate Canada. Le sport se développe de manière très intéressante, surtout chez les jeunes. On voit aussi une forte croissance dans les divisions dites "masters", c’est-à-dire chez les gens de 30 à 60 ans.
Si l’Ultimate gagne en popularité, il reste parfois mal compris du grand public. Des athlètes comme Jessie Tsang, une vétérane des 6ixers, doivent encore se battre contre des préjugés tenaces, ou simplement expliquer les règlements.
Lorsque je dis que je joue au frisbee, il y a encore des gens qui me répondent : "Ah, comme les chiens?" Ils ne se rendent pas compte à quel point c’est exigeant physiquement.
Comprendre le ultimate
Le ultimate, aussi appelé disque volant d'équipe, est un sport sans contact qui se joue généralement entre deux équipes de sept joueurs. Le but est d’attraper le disque dans une zone située à l’extrémité du terrain, un peu comme au football. C’est un super exercice. Tu cours tout le temps, donc c’est très bon pour la forme. C’est aussi très accessible, estime Jessie Tsang.
Un joueur ne peut pas courir avec le disque : une fois en possession de celui-ci, il doit s’immobiliser et faire une passe à ses coéquipiers. Le sport est auto-arbitré, mais au plus haut niveau, des observateurs peuvent intervenir pour aider à résoudre les désaccords.
Le sport a encore besoin de se faire connaître, poursuit la capitaine, Elyssa Mason. Tout est autofinancé : nous payons nos vols, nos compétitions, tout. Si l’ultimate gagne en visibilité, on pourrait obtenir plus de subventions et de commandites, même de la part du gouvernement du Canada.
Objectif : Jeux olympiques
M. Rauch nourrissait l’espoir que le sport soit inclus en démonstration aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. D’autant plus que les États-Unis dominent sur la scène internationale du ultimate.
Disons que les Jeux olympiques, c’est une bête un peu compliquée, lance le président, sourire en coin. Il y a beaucoup de traditions, mais aussi des enjeux logistiques, ajoute-t-il.
La Fédération fonde beaucoup d’espoir sur les Jeux de Brisbane, en 2032, en Australie. On rencontre régulièrement le CIO à Lausanne, révèle Robert Rauch. L’an dernier, je suis allé deux fois en Australie pour rencontrer les organisateurs des Jeux.

Cette année, Jessie Tsang estime que la force des 6ixers repose en partie sur les nouvelles joueuses qui se sont jointes à l’équipe. « Notre groupe de recrues est très fort », ajoute-t-elle.
Photo : Radio-Canada / Marion Bérubé
Les sports retenus pour les Jeux 2032 devraient être connus l'an prochain, en 2026. Le comité d'organisation de Brisbane pourra ensuite proposer des épreuves supplémentaires. Nous pensons avoir de bonnes chances, estime M. Rauch.
Pour les athlètes, voir l’ultimate atteindre la scène olympique serait la consécration ultime après des années d’efforts.
Ce serait un rêve de concourir au plus haut niveau de mon sport. Représenter mon pays aux Jeux serait indescriptible. Ce serait un immense bonheur.
Ce serait énorme, ça donnerait enfin de la reconnaissance au sport. Les JO, c’est un autre niveau, ce serait une belle façon d’inspirer les jeunes filles à s’investir, pense Jessie Tsang.
Faute d’une place aux JO, les athlètes d’élite misent sur les Jeux mondiaux, une compétition internationale disputée tous les quatre ans pour les sports qui ne sont pas au programme olympique. Chaque pays envoie une sélection nationale composée de ses meilleurs athlètes.
Les meilleures équipes au monde s’affrontent elles aussi tous les quatre ans, cette fois dans le cadre des championnats du monde par club. Pour y participer, les formations doivent d’abord remporter leur championnat national. D’autres places sont ensuite attribuées en fonction de la force globale de leur pays, mesurée selon les performances internationales précédentes.

Avec ses 15 équipes, l’Ontario constitue la plus grande délégation aux championnats canadiens qui auront lieu à Edmonton, en Alberta.
Photo : Radio-Canada / Marion Bérubé
Pour les 6ixers, pas question d’attendre qu’une place leur soit attribuée. Elles comptent bien la décrocher en terminant premières, un exploit que l’équipe a déjà réalisé à quatre reprises au cours des huit dernières années. Les joueuses savent qu’elles sont l’équipe à battre.
On a une cible assez importante dans le dos, puisque nous avons gagné tous les championnats nationaux auxquels nous avons participé, reconnaît Jessie Tsang. Personnellement, ça m’allume. Je me dis : "OK, on va leur montrer qu’on peut le refaire". On va gagner.
D’ici là, les 6ixers se donnent rendez-vous deux fois par semaine sur le vaste terrain gazonné d’un parc de quartier. Mais bientôt, ce sera sur les meilleurs terrains du pays que les joueuses auront l’occasion de prouver l’étendue de leur talent.