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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayÇ’aura été une négociation un peu plus tendue que souhaité par les deux camps. Plus publique aussi, trop au goût de Lane Hutson et des dirigeants du Canadien.
Les médias en parlaient, les réseaux sociaux faisaient déferler toutes sortes de rumeurs et même les observateurs les plus branchés rappelaient que le père du jeune homme s’en était mêlé. C’était devenu un sujet d’intérêt aux quatre coins de la province à un point tel qu’on a décidé d’accélérer le processus qui a mené à l'entente annoncée lundi matin.
On était inquiets que ça ait un effet sur Lane et sur l’équipe, et on veut éliminer les distractions. On voulait le faire avant que la saison commence; on est trois matchs en retard, a expliqué Kent Hughes lundi matin, lors d’un point de presse impromptu d’une dizaine de minutes.
Quand c’est public, ça devient plus difficile parce qu’il y a tellement de choses qui sortent qui ne sont pas nécessairement vraies. Les deux côtés lisent ça et ça nuit aux négociations parfois, a-t-il ajouté.
Ryan Barnes, de l’agence Quartexx Management qui gère la carrière de Hutson, est donc arrivé à Chicago vendredi pour épauler son collègue Sean Coffey dans les pourparlers. Ça traînait en longueur, on a appelé des renforts.
Tout ce beau monde a décidé d’appuyer sur *71 pour se retrouver en conférence téléphonique : Hutson, Barnes, Coffey, Hughes et probablement Jeff Gorton, jouant le rôle de l’éminence grise discrète et omnipotente.
Je pense bien qu’il était quelque part en arrière, a souri Hutson.
Après cette discussion, les choses ont déboulé rapidement. Selon Hughes, le défenseur voulait être certain que son patron comprenne bien son envie de rester à Montréal, de jouer pour le Canadien, de son dévouement total et absolu à son équipe. La réponse du DG l’a pris par surprise.
Je lui ai répondu : "Lane, il n’y aurait pas un contrat de huit ans sur la table si on ne croyait pas en toi fondamentalement", a-t-il dit.

Le directeur général du Canadien, Kent Hughes
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
Kent est pas mal bon pour expliquer son point de vue. Je lui ai donné le mien et on s’est retrouvés au milieu, a laissé tomber le nouvellement richissime défenseur.
Au cœur du litige, comprend-on, se trouvait le nombre d’années. Hutson ne l’a pas dit explicitement, mais c’était tout comme. Le murmure, en coulisses, laissait croire que les agents du jeune homme penchaient pour un contrat un peu plus court que les huit années, à hauteur de 8,85 M$ en moyenne pour un total de 70,8 M$, qu’il a finalement obtenues. Pour Lane Hutson, toutefois, la priorité était de s’entendre avec le CH le plus longtemps possible.
[Mes agents] m’ont écouté. Le long terme était important pour moi, a affirmé Hutson.
Vendredi soir et samedi matin, avant le match à Chicago, les deux camps ont jeté les bases de l'entente que Lane Hutson a finalement paraphée lundi matin, avant l'entraînement.
Une structure salariale intacte
Récemment, Kent Hughes a insisté sur l’importance de préserver l’équilibre budgétaire au sein de son équipe, si nos collègues des pages économiques veulent bien nous prêter l’expression. Que l’augmentation actuelle du plafond salarial allait certes faire croître les salaires et que, conséquemment, les chiffres ne seront plus les mêmes, mais les principes vont le demeurer.
Dans toutes les négociations avec ses joueurs clés, Hughes a établi un principe de base, celui qui a échappé aux Maple Leafs de Toronto : pour bâtir une équipe championne dans une ligue dotée d’un plafond salarial aussi restrictif, il y a un prix à payer… un vrai prix, en espèces sonnantes et trébuchantes. Il faut impérativement laisser des deniers sur la table, sinon les tristes règles comptables risquent d’avoir raison de vos aspirations, croit le patron.
Lane Hutson est un homme riche aujourd’hui, mais aurait-il pu l’être davantage s’il avait cherché à maximiser sa valeur jusqu’au dernier centime? Probablement.
On sait qu’on a un noyau qui est jeune, très talentueux. Si tu veux faire partie de la solution, il va falloir que tu [acceptes un peu moins d’argent]. Plusieurs joueurs l’ont fait par le passé, comme Sidney Crosby à Pittsburgh. Si les gars sont tous sur la même longueur d’onde, on va tous en bénéficier.
Du point de vue du gestionnaire, convaincre ses jeunes joyaux d’accepter un peu moins d’argent pour leur offrir ultimement une équipe digne d’un championnat représente un idéal. Si ça fonctionne, tant mieux. Le jour, toutefois, où l’un d’entre eux décide de résister aux salades du chef, le jeu devient périlleux.
Car, comment expliquer à Cole Caufield, Kaiden Guhle et compagnie, qui ont tous préalablement adhéré à la vision du directeur général, qu’il a fallu faire une exception pour un tel qui aura fait sauter la banque? Quoi que les joueurs en disent aujourd’hui, ça passerait mal dans le vestiaire.
À l’époque, Marc Bergevin avait négocié le contrat de Nick Suzuki. L’ancien DG avait agi promptement, dès l’automne 2021, quand le capitaine avait seulement deux saisons d’expérience sous la ceinture et un nombre limité d’arguments, ce qui avait permis à Bergevin de lui offrir ce contrat raisonnable, jetant les fondations sur lesquelles s’appuie maintenant Hughes.
Suzuki semble avoir complètement épousé la philosophie de Kent Hughes depuis.
On est dans un autre monde que lorsque j’ai signé mon contrat il y a quatre ans. Les contrats sont plus imposants, le plafond est plus élevé. C’est difficile de comparer les époques. […] Je me fous complètement de qui a le plus gros salaire, qui fait le plus d’argent, ça n’a aucune importance.
Le contrat de Lane Hutson avait le potentiel de déséquilibrer le budget. Ce n’est pas arrivé. Le DG en sort gagnant, l’équipe et le joueur aussi, lui dont les vieux jours et ceux de sa descendance sont assurés pour les siècles des siècles.
L’on dira que l’entente de Noah Dobson conclue l’été dernier s’inscrit en contradiction avec les principes économiques du CH. Pas vraiment, puisque le Prince-Édouardien en était à son troisième contrat professionnel et aurait pu se prévaloir de son autonomie dans un an. Acheter la liberté a un prix – dans son cas, 9,5 M$ par saison.
Maintenant que tous ses jeunes joueurs de talent, à l’exception d’Ivan Demidov, ont en poche un contrat à long terme, Hughes aura la latitude de partir à la pêche au gros.
Ça nous permet d’ajouter du talent quand il y a une occasion, comme cet été avec Noah Dobson. La réalité, c’est que sur le marché, tu vas devoir payer [plus cher]. On essaie de bâtir cette équipe de l’intérieur le plus possible, a expliqué le DG.
Lorsque tu as un groupe de jeunes joueurs engagés à long terme, il est crucial de faire tout ce qu'on peut pour combler les trous potentiels et bâtir une équipe championne. On le leur doit.
En cette matière aussi, ce sera au directeur général de se montrer convaincant.
Question de culture
À la fin de la séance d’entraînement, Martin St-Louis a envoyé Lane Hutson faire un tour de la patinoire en solitaire. Ses joueurs réunis au centre de la glace, l’entraîneur leur a annoncé la prolongation de contrat de leur coéquipier. La réaction a été immédiate : explosion de joie, accolades fraternelles.
Je ne suis pas surpris de la réaction des joueurs. Ça me plaît quasiment plus qu’une victoire, a laissé tomber l’entraîneur.
Personne, dans le vestiaire, ne semblait particulièrement inquiet du dénouement dans cette passe d’armes entre Hutson et le CH, mais tous ont admis un certain soulagement à l’idée que la question soit réglée.
Ça peut devenir une distraction, a noté St-Louis. Le marché est difficile, mais ce n’est pas juste à Montréal, tout le monde en parle autour de la ligue. C’est sûr que ça peut stresser l’individu. Est-ce que ça peut affecter son jeu? Si ça affecte son jeu, est-ce que ça affecte celui des autres aussi? C’est une boule de neige qui peut grossir. Je suis content que la boule de neige ne soit plus là.
Hughes doit maintenant espérer que, lorsque viendra le temps de s’entendre avec Demidov, qui a encore beaucoup de choses à prouver, ou avec Mike Matheson, dont le contrat arrive à échéance en juin 2026 et qui est le joueur le plus utilisé de l'équipe depuis trois ans, l’esprit de sacrifice, lui, fera boule de neige.