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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayElle-même ne savait pas à quoi s’attendre alors comment les amateurs auraient-ils pu en avoir une idée nette? Ça faisait bien deux ans qu’elle se consacrait au pickleball qui n’a, dans le jeu, comme seule similitude avec le tennis que la raquette…et encore.
Alors, quand Eugenie Bouchard a annoncé qu’elle ferait un dernier tour de piste à Montréal avant de tirer un trait sur une carrière aussi spectaculaire qu’étrange, il fallait bien se montrer patient avec la Québécoise. Simple formalité d’adieu ou désir réel d’un au revoir?
Sa première victoire contre la 82e au monde, Emiliano Arango, a fourni les premières bribes de réponse.
Sa résistance devant la 20e mondiale et récente demi-finaliste de Wimbledon, Belinda Bencic, a été particulièrement convaincante. Visiblement, Bouchard y tenait à son party de départ.
Rapidement, la Suissesse s’est détachée en brisant le service de l’ancienne 5e mondiale au troisième jeu. Après 38 minutes, Bencic pliait la première manche 6-2 et ça semblait être affaire de routine.
Ce ne l’est jamais vraiment, par contre, et à 6-2, 3-3 en faveur de Bencic, tout le monde semblait prêt à se contenter de saluer l’honorable résistance de la Canadienne. Puis, soudainement, la rébellion. On dit soudainement, ce n’était pas si soudain. Bouchard avait commencé depuis un moment à trouver les lignes, à ajuster la longueur de balle, à distribuer les coups gagnants. Coup droit croisé court, revers en parallèle; Bencic s’en agaçait.
Un niveau de jeu bien élevé pour une joueuse jugée inactive par la WTA, une joueuse non classée.
J'ai commencé un peu lentement, mais quand je suis rentrée dans le match en deuxième manche, je savais que je pouvais gagner, c’était très proche. Mais je ne pensais pas à ça parce que si tu y penses, tu joues moins bien, a lancé la femme de 31 ans.
Je me suis surprise, un peu. Tout le monde autour de moi l’était aussi, a ajouté Bouchard.
Et elle s’est obstinée comme ça à repousser encore un peu une retraite que plusieurs croyaient déjà prise, ou presque, elle qui n’a disputé que trois tournois sur le circuit principal depuis deux ans. Elle a finalement craqué en fin de troisième manche, sur un dernier bris de service.
Communion
Ça n’a pas toujours été une histoire d’amour entre Eugenie Bouchard et le public québécois. Autant ses exploits précoces, à 19-20 ans, ont été célébrés sur le coup, autant on lui a reproché une certaine froideur, une distance par rapport à sa province natale, un repli même.
Jeune exilée en Floride, elle n’en revenait que sporadiquement. Bouchard est loin d’être la seule à s’être expatriée pour vivre de son sport, c’est même la norme au tennis, mais dans son cas, ça passait de travers. Allez savoir.
Était-ce en raison de son hyperactivité sur les réseaux sociaux qui s’enflammaient à l’époque, son intérêt pour la mode, les paillettes et le faste? Peut-être aussi parce que ce curriculum extra sportif prenait de l’ampleur au moment même où ses performances ont commencé à piquer du nez. Comme si on ne lui pardonnait pas d’avoir brillé si fort et de s’être éteinte si vite.
Mercredi soir, il y a eu une forme de communion entre le public et Eugenie Bouchard.
Débarquée en conférence de presse vers 23 h 30 après avoir signé tout ce qui se trouvait de balles de tennis géantes et de chandails à manches courtes, l’athlète de Westmount l’a ressenti.
Il y avait tellement d’amour, je pense. Les partisans ici sont spéciaux. C’était exactement ce que je voulais. J’espérais que j’aurais des moments comme ça. C’est unique à Montréal. J’ai fait mon job sur le terrain et eux dans les estrades. Je vais me souvenir de ça, a-t-elle lancé.
Je sentais que je méritais un moment comme celui-là, a ajouté Bouchard.
C’est chose faite.
Un héritage complexe
Il faut probablement se rappeler de l’état du tennis canadien avant l’avènement d’Eugenie Bouchard pour bien mesurer tout le chemin parcouru depuis ses accomplissements. À une époque où s’extirper des qualifications d’un tournoi du grand chelem relevait de l’exploit, où percer tout juste le classement des 100 premiers au monde frôlait le génie, se qualifier coup sur coup pour deux demi-finales en grand chelem (Internationaux d’Australie et Roland-Garros) suivie d’une finale (Wimbledon) n’était ni un rêve, ni un fantasme, ni une chimère. Ce n’était pas. Tout simplement.
C’est la pionnière, c’est celle qui a ouvert le chemin, on doit tous lui être reconnaissant, s’est exclamé son entraîneur pour la semaine, Sylvain Bruneau.
On a tendance à oublier qu’en 2014, elle est devenue la première Canadienne à atteindre une finale en simple en grand chelem. Elle a réussi à elle seule à faire grandir la popularité de notre sport ici, a renchéri la directrice du tournoi, Valérie Tétreault.
Pour ce qui est des critiques, Bruneau les a balayées du revers de la main.
C’était une jolie fille, elle a fait d’autres trucs, elle n’a pas juste tapé la balle. Les gens ont fait une espèce de petit raccourci en pensant que ce n’était pas une athlète dédiée, ce qui n’est absolument pas le cas. J’ai été avec elle souvent sur le terrain, elle bosse, elle travaille très, très fort, elle a tout donné, a assuré l’ancien responsable du tennis féminin à Tennis Canada.
Une étoile filante, peut-être, mais une étoile quand même. Au Canada, il n’y en a que trois ou quatre, dans l’histoire, qui se sont approchés du firmament. Et elle aura été la première.