Bien installés au sommet de la Ligue nationale de football (NFL), les Eagles devraient reprendre là où ils ont laissé en février dernier. Ou presque. Il est difficile, voire impossible, de reproduire cette éclatante performance au Super Bowl et de maintenir ce standard sur une saison complète.

Les champions en titre ont de légitimes chances de renouer avec la grand-messe du football américain et figurent parmi une poignée de favoris pour conclure la saison sous les confettis. Quelques équipes possèdent les outils pour rivaliser avec eux, mais aucune formation n'est aussi complète au coup d'envoi du calendrier.

La combinaison d’une attaque explosive et d’une défense étanche a conduit Philadelphie jusqu’au firmament. Deux unités menées par le travail effectué dans les tranchées, ni plus ni moins que leur moteur, que ce soit pour établir une force de frappe terrestre ou appliquer une pression soutenue.

Saquon Barkley revient d’une saison d’anthologie et forme un duo explosif avec Jalen Hurts, sous-estimé malgré ses succès répétés. Une ligne offensive imposante allège leur tâche, tandis que la position de receveur, pas en reste, demeure bondée de talent.

Jalen Hurts et Saquon Barkley

Photo : Getty Images / Emilee Chinn

Les Eagles devront toutefois réinventer leur front défensif après avoir essuyé certaines pertes durant l'intersaison. Le prix à payer suivant un championnat dans la NFL.

La ligne sera amputée de Josh Sweat et de Milton Williams, désormais sous d’autres cieux. Ils ont chacun profité de leur nouvelle notoriété de vainqueurs du Super Bowl. Sans oublier la retraite de Brandon Graham, une voix importante dans le vestiaire.

Un filon à exploiter pour les prétendants à leurs trousses, qui sont plus nombreux cette saison dans leur association. De plus, un nouvel aspirant a récemment émergé dans la Nationale.

La recette du succès des Eagles est toujours d'actualité. Tous les ingrédients sont rassemblés pour un deuxième sacre, à Philadelphie, mais la troupe guidée par Nick Sirianni devra rester vigilante et avoir un œil sur le Nord.

Les Packers à prendre au sérieux

Le départ de Micah Parsons de Dallas vers Green Bay ne peut que réjouir les Eagles, qui devaient auparavant croiser le fameux chasseur de quarts deux fois par campagne. Les Packers l’ont acquis des Cowboys et sont du même coup devenus des candidats pour gouverner l'association.

Parsons est ce genre de joueur défensif capable de changer l’allure d’un match à lui seul, en mesure de neutraliser une unité offensive. Ces spécimens terrorisant les quarts ne sont habituellement pas cédés. Il comblera un besoin des Packers, qui ont frappé le gros lot.

Son efficacité à rabattre les pivots adverses derrière la ligne de mêlée est hors du commun.

Chacune de ses quatre premières saisons s’est conclue avec une récolte d’au moins 12 sacs, une constance d’exception. L'ancien de l’Université Penn State est seulement l’un des deux joueurs dans l’histoire de la NFL à afficher un tel rendement en début de carrière, après le légendaire Reggie White, qui, rappelons-le, portait le surnom de ministère de la Défense. En bonne compagnie, vous dites?

Pour une troisième année d’affilée, les Packers sont la plus jeune formation du circuit Goodell. Cela n’a pas empêché l’équipe d’accéder aux éliminatoires durant cette période. Le groupe évolue ensemble, pendant que l’état-major y greffe de nouveaux éléments, comme Parsons par voie d’échange, mais également par le biais du repêchage.

La direction a sélectionné Matthew Golden au 23e échelon, au grand bonheur des nombreux supporteurs des Packers présents lors de l’événement à Green Bay. Aucun receveur éloigné n’avait été choisi au premier tour durant l’ère d’Aaron Rodgers, tandis qu’il fallait remonter jusqu’à 2002 pour dénicher le dernier repêché aussi tôt.

Jordan Love

Photo : usa today sports via reuters con / Tim Heitman

Une nouvelle cible de choix dans l’attaque de Jordan Love, pour qui les attentes ne cessent d’augmenter au rythme des additions dans l’équipe. Diverses blessures ont miné sa dernière saison avant de reléguer aux oubliettes une entrée en matière plus que satisfaisante en 2023.

À l’approche de son 27e anniversaire, de sa troisième campagne à titre de partant, avec cinq ans dans la NFL derrière la cravate, le meneur offensif possède l’expérience et les outils afin de montrer s’il est le digne successeur de Rodgers.

L’environnement dans lequel se trouve Love est idéal à sa réussite personnelle et, par le fait même, aux succès collectifs. La venue de Parsons au Wisconsin l’est également. Un retour au sommet de la division est envisageable pour les Packers, mais ils ne sont pas seuls avec l’aspiration de régner sur le Nord.

Une féroce compétition

Les Packers auront fort à faire pour déloger les Lions de Détroit et même surpasser les Vikings du Minnesota, sans écarter les Bears de Chicago qui espèrent jouer les trouble-fête dans une division des plus relevées.

Ce quatuor est récemment dominé par les Lions, qui sont sortis de leur torpeur après tant d'années loin de la lumière. L’entraîneur-chef Dan Campbell a changé la culture d’une organisation jadis moribonde.

Auparavant chassés, les Lions sont devenus les chasseurs pendant la saison 2023, qui a culminé avec une participation à la finale d’association. Ils ont su composer avec cette nouvelle étiquette l'automne dernier, avant de subir une élimination inattendue dès l’entame de leur parcours éliminatoire.

Les Lions salueront le retour de plusieurs éclopés, dont le chasseur de quarts Aidan Hutchinson, l’un des nombreux joueurs défensifs tombés au combat. L’avalanche de blessures avait compliqué la tâche de tout un chacun et forcé l’unité offensive à être irréprochable.

Les rares interrogations à Détroit sont dirigées vers le personnel d’instructeurs de Campbell, qui a perdu ses coordonnateurs offensif et défensif au profit d’autres équipes leur ayant confié un poste d’entraîneur-chef : Ben Johnson a déménagé à Chicago et Aaron Glenn a été embauché par les Jets de New York.

Jahmyr Gibbs

Photo : Getty Images / Justin Casterline

Le nouveau pilote des Bears a réformé l’attaque des Lions, lui insufflant un sens du spectacle parfaitement dosé avec un côté punitif, au point où elle est devenue l’une des plus craintes dans le circuit Goodell. Jared Goff se plaît au cœur de ce système misant sur la complémentarité des porteurs de ballon Jahmyr Gibbs et David Montgomery, de même que des receveurs Amon-Ra St. Brown, Jameson Williams et Sam Laporta.

Parmi la crème de la NFL ces dernières années, le quintette à l'attaque a perdu les services du centre Frank Ragnow, jeune retraité du football à 29 ans, et du garde Kevin Zeitler, qui a pris le chemin du Tennessee. Une nouvelle ligne qui doit prouver sa valeur.

N'empêche, les éléments offensifs sont réunis pour continuer à goûter au succès. Peu d’équipes peuvent se targuer de compter sur autant de joueurs talentueux, du quart-arrière aux receveurs, en passant par le champ arrière.

Il reste à voir si le départ du chef d’orchestre fragilisera un groupe qui est arrivé à maturité.

Jayden Daniels et la guigne à éviter

Ce sont justement les Commanders de Washington qui ont freiné net la progression des Lions. La recrue Jayden Daniels avait poursuivi son étonnante lancée et décroché la victoire au deuxième tour des éliminatoires, à Détroit.

Le baptême du feu de Daniels s’est déroulé à merveille, au-delà même des prévisions les plus favorables. Son premier tour de piste s’est d'ailleurs conclu avec l’obtention du titre de recrue offensive par excellence.

Ses prouesses ont considérablement changé la trajectoire des Commanders, qui ont reçu un billet pour les éliminatoires seulement 12 mois après avoir fini à l’avant-dernier rang du circuit Goodell. Un soubresaut pour tripler le nombre de victoires de 4 à 12, un bond de géant.

Question d’éviter un rude retour à la réalité, de placer son nouveau joyau dans les meilleures conditions, peut-être d’éviter de gaspiller un haut potentiel comme Robert Griffin III, par exemple, la direction s’est notamment concentrée à renforcer la protection autour de Daniels, maintenant en sécurité avec le bloqueur Laremy Tunsil surveillant son angle mort.

Terry McLaurin

Photo : Getty Images / Patrick Smith

Pour épauler le premier receveur Terry McLaurin, qui s’est finalement entendu avec l’organisation après une dispute contractuelle, l’équipe s’est tournée vers le polyvalent Deebo Samuel afin d'occuper un rôle important dans l'attaque.

Au cœur des succès offensifs, Daniels tentera d’éviter un plafonnement à sa deuxième campagne dans la NFL. Une guigne que n’a pu éviter C.J. Stroud la saison dernière avec les Texans de Houston, un quart mal protégé, qui ironiquement a vu ses patrons envoyer Tunsil à… Washington.

Les Buccaneers sous-estimés et inspirés

Dans l’ombre des Eagles et des Lions, également des Commanders, se dressent les Buccaneers, une équipe en confiance avec les munitions pour menacer l’élite. Ce qu'ils ont déjà accompli la saison dernière.

Sans faire trop de bruit dans la Nationale, les Buccaneers sont sur une séquence de quatre championnats de division consécutifs. Baker Mayfield a assuré la transition après le départ à la retraite de Tom Brady, relançant au passage une carrière qui battait de l'aile. Son attaque est désormais redoutée de toutes parts.

À Tampa Bay, Mayfield a saisi à deux mains ce qui semblait être sa dernière occasion de prouver qu'il avait l'étoffe d'un partant. Le défi était colossal en chaussant les souliers de Brady, mais il l'a relevé avec brio pour soudainement devenir le nouveau visage de la franchise.

Baker Mayfield

Photo : usa today sports via reuters con / Dale Zanine

Ses arrêts infructueux en Caroline, puis à Los Angeles, en 2022, suivant une entame compliquée à Cleveland, semblent être d'une autre époque. Le pivot des Buccaneers joue à la hauteur des attentes destinées à un joueur choisi au tout premier échelon du repêchage.

Déjà bien garni, le groupe de receveurs a obtenu du sang neuf avec l'ajout d'Emeka Egbuka, qui a fait écarquiller des yeux au camp d'entraînement. La recrue sera insérée dans la formation dès le coup d'envoi pour pallier l'absence de Chris Godwin, qui récupère d'une importante blessure à une cheville.

En sélectionnant Egbuka au 19e rang, l'organisation a fait d'une pierre, trois coups : elle comblera un besoin immédiat, remplacera éventuellement Mike Evans comme premier receveur et permettra aux Buccaneers de jouer à armes offensives égales avec les Eagles comme les Lions.