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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayUn mercredi de mai, Léa Nugent révise des formules mathématiques avec son enseignante Annie Roy, quelques heures avant de participer au championnat provincial de natation.
La particularité de la scène réside dans le fait que l’élève de cinquième secondaire est à Québec et son enseignante, quelque 125 kilomètres plus loin, à Trois-Rivières.
La nageuse de 17 ans originaire de L’Assomption terminera dans les prochains jours ses études secondaires, et sa dernière année, elle l’a complétée à distance grâce à un programme de scolarisation unique au Québec, destiné aux élèves-athlètes de haut niveau.
Et c’est au cœur de l’Académie les Estacades, à Trois-Rivières, que les enseignants Annie Roy et Guy Gervais coordonnent cette école dans une école, pour permettre à des athlètes de troisième, quatrième et cinquième secondaire de mieux conjuguer le sport avec leurs études.
Comme ce sont des élèves qui s'entraînent beaucoup, un moment donné, aller à l'école, ce n'est plus possible pour eux, ils ont trop d'heures d'entraînement, ils sont trop souvent partis en compétition, explique Annie Roy. Ils vont chercher un plan B, et on se trouve à être ce plan-là.

Annie Roy est responsable du volet administratif du programme de scolarisation à distance, en plus d’y enseigner les mathématiques aux élèves de cinquième secondaire. (Photo : 14 mai 2025)
Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé
En 2010, Guy Gervais a reçu la commande de bâtir un programme pour scolariser à distance des hockeyeurs dans les Maritimes. L’année suivante, neuf hockeyeurs de cinquième secondaire étaient inscrits.
Le programme s’est ensuite élargi à de nombreux sports, dont la natation, la natation artistique, le ski alpin, le surf des neiges, le soccer, le tennis, le tennis de table, le cyclisme, le hockey, le patinage de vitesse, les sports équestres et le ballet.
On a une petite exception aussi, on a des élèves en ballet, précise Guy Gervais. Elles ont un statut un peu particulier au niveau des sports, mais elles font partie de l'élite au niveau du ballet.
En près de 15 ans, ils sont plusieurs centaines à avoir pu décrocher leur diplôme d’études secondaires tout en continuant la pratique de leur sport de haut niveau.
Moi, je les appelle parfois mes décrocheurs potentiels, dans le sens que ce sont des bons élèves, mais si on leur offre le choix, en disant : "Là, ça ne marche plus, tu es obligé peut-être de lâcher le sport, alors que tu es dans les premiers au Canada, au monde", l'élève, il va sûrement lâcher l'école, on aurait tous fait ça, ajoute celui qui est responsable du volet technique du programme.
Donc là, on réussit, avec le programme, à les scolariser. Et puis, on parle de scolariser dans toutes les matières, matières enrichies et tout, et ça fonctionne très bien.

Guy Gervais a reçu en 2010 le mandat de mettre en place un programme de scolarisation à distance destiné aux élèves-athlètes de haut niveau de partout au Québec. (Photo : 14 mai 2025)
Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé
Plusieurs fois par semaine, les deux responsables communiquent avec des jeunes athlètes. Tous les enseignants font ça, en fait, pour s'assurer de créer le lien avec l'élève, mentionne Annie Roy. Quand on rencontre nos élèves, on est contents, ils ont tous de belles histoires, ces enfants-là, ils sont contents de nous parler, c'est vraiment agréable.
Si Guy Gervais et Annie Roy sont rattachés à plein temps au programme, les autres enseignants intègrent leur tâche de scolarisation à distance dans leur horaire de classe aux Estacades.
Rigueur et discipline
Léa Nugent est l’une des 100 élèves inscrites cette année au programme de scolarisation à distance. La nageuse fait partie des athlètes identifiés de niveau excellence par la Fédération de natation du Québec.
C'est fou à quel point ça fait une différence dans la gestion de temps avec les études et la natation, dit celle qui poursuivra ses études collégiales en sciences de la nature l’automne prochain.
Depuis la mi-mai, son sport l’a amenée longtemps loin de la maison. Je suis partie 25 jours sur 30, à Québec, aux Bahamas pour m'entraîner en préparation des essais et à Victoria pour les essais canadiens en vue des Championnats du monde de cet été, raconte-t-elle. Ça fait beaucoup de voyages et je manque quand même beaucoup d'école dans une année. Je ne veux pas délaisser mon parcours scolaire pour la natation, mais je veux quand même avoir une balance entre les deux.
Il faut certes faire preuve de rigueur et être disciplinée pour réussir des études à distance, concède-t-elle. Elle y voit toutefois bien plus d’avantages que de défis.
Ça m'aide à ne jamais être en retard, j'ai vraiment le contrôle de mes études. J’ai la liberté d'avancer mes trucs scolaires. Ça m’a apporté de la facilité à gérer mes études avec ma passion. C'est fou à quel point ça fait une différence de gestion de temps.

Sa saison terminée, le Bécancourois William-Alexis Tremblay peut aller rencontrer ses enseignants sans passer par un écran. (Photo : 14 mai 2025)
Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé
Léa décrochera son diplôme d'études secondaires dans quelques jours, tout comme William-Alexis Tremblay. Ce hockeyeur des Olympiques de Gatineau dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), ancien des Estacades M18 AAA, fait partie des exceptions. Il est l’un des rares athlètes de la Mauricie et du Centre-du-Québec inscrits au programme cette année.
J'ai la chance que ma mère ait enseigné et ait aidé à démarrer ce programme-là, reconnaît-il. Quand j'étais jeune, je l’aidais à corriger, je triais des feuilles, puis, souvent, je voyais les joueurs du junior majeur, j'étais comme "moi aussi, je vais être là plus tard” et je suis rendu là. C’est vraiment le fun.
Une grande fierté
Certains des anciens élèves-athlètes du programme se distinguent aujourd’hui sur la scène internationale. On a deux élèves en surf des neiges qui ont vraiment bien performé au niveau national, affirme Annie Roy. On a un athlète en compétition de cyclisme aux Pays-Bas. L'année passée, on avait un élève en patinage de vitesse qui a fait les Championnats du monde.
On peut avoir des élèves qui sont en Europe, qui sont aux États-Unis, un peu partout. Ce n'est pas un problème, la plateforme est accessible partout.
Quelques anciens élèves-athlètes du programme
- Alexis Lafrenière, hockey, Océanic de Rimouski (LHJMQ), Rangers de New York (LNH)
- Tristan Luneau, hockey, Olympiques de Gatineau (LHJMQ), repêché en 2022 par les Ducks d’Anaheim
- Aurélie Fortin, membre de l’École supérieure de ballet
- Zaélie Charbonneau (élève actuellement en cinquième secondaire), ballet, Ballet Grand Prix Vienna 2024
- Victor Chartrand, patinage de vitesse, Championnats du monde juniors courte piste de l’ISU 2025 (bronze, 1000 m)
- Olivia Asselin, ski acrobatique, Jeux olympiques de Pékin 2022 (8e big air, 11e slopestyle), X Games Aspen 2025 (or, street style)
- Édouard Therriault, ski acrobatique, Jeux olympiques de Pékin 2022 (13e big air, 13e slopestyle)
Dans le bureau des coordonnateurs, les murs sont tapissés de photos d’anciens élèves-athlètes en action dans leur sport. Les yeux d’Annie Roy brillent en les nommant.
Ce qui la rend la plus fière? De voir qu'au bout de la ligne, on est capable de les diplômer, malgré que ce sont des élèves qui sont super occupés, ils finissent leur secondaire 5 en même temps que tout le monde, avec leur diplôme, se réjouit-elle. De les voir évoluer dans le sport aussi. Parfois, des élèves sont tout contents de m'annoncer qu’ils vont aller aux championnats du monde, qu’ils sont commandités… ils sont bien fiers de leur accomplissement et c'est le fun de les entendre.
Une fierté partagée par son partenaire de bureau, Guy Gervais, et pour qui la fin de l'année scolaire deviendra le début d'une nouvelle aventure : la retraite.

Les élèves du programme de scolarisation à distance peuvent poursuivre leurs études peu importe où ils se trouvent dans le monde, mais doivent se présenter à l’Académie les Estacades pour les examens du ministère. (Photo : 14 mai 2025)
Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé