Écouter l’article | 4 minutes

Hugo Houle a préféré faire l’impasse sur le Tour de France « pour aller à la plage, parce que ça fait moins mal », a-t-il dit à la blague mardi en entrevue à Tout un matin, au micro de Maxime Coutié, sur ICI Première.

La troisième étape, lundi, a été marquée par de lourdes chutes, dont celle qui a mené à l’abandon du Belge Jasper Philipsen.

Il y a toujours eu des chutes, principalement dans la première semaine du Tour, rappelle le coureur québécois de 34 ans, membre de l'équipe Israel-Premier Tech. Tout le monde veut gagner une étape, tout le monde est prêt à prendre des risques.

Quand on prend des risques, des fois, il y a des accrochages. Quand un coureur part à la faute, il y a un effet ricochet sur les autres.

Si les chutes sont inévitables, elles sont toutefois plus brutales que jamais avec les vitesses que peuvent atteindre les coureurs.

Les vélos sont de plus en plus performants, souligne Hugo Houle. Il y a eu l’arrivée des freins à disque et des pneus sans chambre à air, des choses qui nous permettent d’aller plus vite. J’étais sous le choc quand j’ai vu Philipsen tomber. On roule de plus en plus vite. Et quand on tombe, ça fait encore plus mal.

Même si on peut bien lire la course comme Hugo Houle, la chute est parfois inévitable. Alors, tu n’as pas le temps de penser, tu essaies seulement de sauver ta peau.

Il y a un moment où tu sais que tu ne peux plus l’éviter, précise-t-il. Il faut se préparer à tomber. Ça se fait en une fraction de seconde : rentrer l’épaule un peu, mettre les mains pour amortir le choc. Mais des fois, ça arrive tellement vite, et dans un endroit où tu ne peux te protéger, avec un poteau en face de toi.

C’est la partie la plus difficile du sport. Souffrir dans un col parce qu’on roule vite, parce qu’il fait chaud, ce sont des choses qu’on aime. On y est habitués. Mais quand tu frappes l’asphalte à 70 ou à 80 km/h, c’est terrible.

Après, tu as des plaies pendant deux semaines. Il faut gérer les pansements, les douches sont désagréables. Les courbatures restent longtemps. Le corps compense et ça cause d’autres problèmes.

Un bon positionnement

Avec des courses plus rapides, il est encore plus crucial d’être bien placé dans le peloton, indique Hugo Houle.

Avant, quelqu’un qui était extrêmement fort avait plus de latitude pour bouger dans le peloton. Il compensait avec sa puissance. Aujourd’hui, même si tu es plus fort, si tu es mal positionné, tu vas payer encore plus.

Les coureurs prennent de plus en plus de risques pour être dans une position avantageuse, note le cycliste, et il n’y a pas de place pour tout le monde à l’avant. Les équipes doivent protéger leur meneur.

Les meilleures comme UAE ou Visma vont mettre cinq ou six coureurs autour de leur leader, juste pour le garder en avant, pour qu’il soit en sécurité et éviter les obstacles, explique-t-il.

Les coureurs ont aussi une connaissance plus fine des parcours sur lesquels ils roulent. Ça peut amener du danger à l’avant.

Quand j’ai commencé le vélo, on n’étudiait pas nécessairement les parcours. Maintenant, on a des applications pour anticiper le danger.

Avant, on était plus ignorants. Il y avait des surprises dans la course. Maintenant, quand 200 coureurs savent qu’au kilomètre 122, il y a une route dangereuse, les coureurs veulent tous être devant, mais il n’y a pas de place pour tout le monde.

Hugo Houle continue d’être un spectateur attentif de la Grande Boucle, sur laquelle il fait l’impasse pour la première fois en six ans. Il a choisi cette année de participer au Tour d’Italie pour arriver plus léger au mois de juillet et être mieux préparé pour les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal.