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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayDans plusieurs semaines, il sera temps pour la Lavalloise Janet Okeke de faire son entrée triomphale dans le vestiaire de l’équipe de soccer des Seminoles de l’Université d’État de la Floride, avec un nouveau statut : celui de membre de l’équipe canadienne championne des moins de 20 ans de la CONCACAF.
Le Canada et les États-Unis, c’est une grande rivalité, mais mes coéquipières américaines essaient toujours d’en minimiser l’importance parce qu’elles pensent que les Américaines sont toujours meilleures et qu’elles battent toujours les Canadiennes, raconte-t-elle, sourire en coin.
Mais ce n’est clairement plus le cas! D’ailleurs, j’ai affronté quelques-unes de mes coéquipières au Championnat de la CONCACAF, alors ce sera une situation intéressante quand je les reverrai à l’université…
Transfuge de l’Université d’État de la Caroline du Nord après sa première saison dans la NCAA en 2024, la défenseuse de 19 ans avoue avoir souffert du syndrome de l’imposteur en débarquant dans sa nouvelle école en janvier. Elle se joignait à un programme quatre fois champion national depuis 2014. Mais il faut mettre ça de côté et vivre dans le moment, reconnaît aujourd’hui Okeke, sans doute aidée par ce titre de championne continentale qui lui permet de prendre la pleine mesure de son propre cheminement.
Engagée dans les équipes de jeunes du Canada depuis son entrée chez les moins de 17 ans, en 2021, elle avait joué un championnat continental U-17, un Mondial U-17 et un Mondial U-20 sans gagner de trophée. L’équipe U-20 canadienne, pour sa part, n’avait pas gagné le titre de la CONCACAF depuis 2008.

L'équipe féminine U-20 du Canada n'avait pas gagné le titre continental depuis 2008.
Photo : Courtoisie de Soccer Canada
Ce trophée, les Canadiennes l’ont gagné au pic et à la pelle. Confrontées aux Mexicaines en finale, le 8 juin dernier à Alajuela, au Costa Rica, elles ont pris une avance qu’elles ont cédée 10 minutes plus tard, après un tir de pénalité. La machine à scénarios s’est alors emballée.
La gardienne Mariángela Medina, coupable d’une faute rugueuse contre Annabelle Chukwu en toute fin de deuxième mi-temps, a été expulsée. Adriana Bianchin a ensuite redonné l’avantage au Canada dès la sixième minute des prolongations. Même à 10 contre 11, les Mexicaines sont revenues à la charge à peine deux minutes plus tard pour faire 2-2.
Puisque ce n’était pas assez, à la 119e minute, Chukwu s’est présentée seule devant la gardienne remplaçante, Camila Vázquez, pour un tir de pénalité accordé en raison d’une faute de main dans la surface. Ce qui devait arriver arriva : Vázquez a plongé du bon côté, à sa droite, pour envoyer le match aux tirs de barrage.
Pas si vite : trois minutes plus tard, dans un moment d’une lucidité inouïe, Chukwu s’est rachetée en inscrivant le but gagnant dans les arrêts de jeu, d’un angle extraordinairement restreint, pour offrir le titre à son équipe. Malgré cette remarquable balade en montagnes russes, Okeke assure que le doute n’a jamais gagné les Canadiennes.
Dès que j’ai su qu’on allait affronter le Mexique, j’ai su qu’on allait gagner, soutient-elle. On avait un sentiment de revanche puisqu’en phase de groupe, on avait perdu 4-2. On savait que ça nous qualifiait pour la Coupe du monde, mais on allait jouer contre les États-Unis [en demi-finale]. C’était un grand défi, et durant le match, oui, il y avait des hauts et des bas, mais on a surmonté les obstacles parce qu’on est vraiment soudé en tant qu’équipe – avec le personnel technique, aussi. Je savais qu’on allait gagner, honnêtement.

Janet Okeke a remporté le Championnat des moins de 20 ans de la CONCACAF avec le Canada.
Photo : Instagram/Janet Okeke
Les Canadiennes ont réagi à leur seule défaite en phase de groupe de la meilleure des façons : portées par un but de Léa Larouche, elles ont vaincu les Américaines 1-0 en demi-finale. Pour la première fois, les septuples championnes continentales étaient exclues de la finale.
Le revers contre le Mexique, explique Okeke, avait rappelé aux Canadiennes qu’elles devaient maintenir leurs propres standards peu importe l’adversaire. Curieusement, elle raconte que l’équipe a réellement établi ses principes pendant les trois matchs de qualification en vue du tournoi, des rencontres gagnées par un pointage cumulatif de 43-0 qui, de l’extérieur, ne semble pas le reflet d’un milieu propice aux apprentissages.
On jouait contre des équipes un peu plus faibles qu’au tournoi, et je crois que ce sont ces matchs-là qui nous font apprendre beaucoup de leçons, parce qu’il faut garder la tête froide. Il ne faut pas avoir la gâchette facile, partir en drible à travers tout le monde, faire des tirs de 40 mètres, soutient Okeke.
Il s’agit de savoir qu’en tant qu’équipe, il faut rester calme dans toutes les situations. On s’en fout de l’adversaire. Il fallait vraiment qu’on établisse et qu’on sache en tant qu’équipe qu’on a des valeurs, des principes, des standards qu’on doit maintenir durant tout le tournoi, peu importe l’adversaire.
L’entraîneuse adjointe des Roses de Montréal Maryse Bard-Martel, qui faisait partie du personnel technique canadien au Costa Rica, ne tarissait pas d’éloges envers cette génération de joueuses à son retour au pays. Okeke juge aussi qu’elle fait partie d’un groupe comme il s’en fait peu – ou, devrait-on dire, comme il pourrait s’en faire davantage maintenant que le soccer est mieux structuré pour les filles et les femmes au Canada.
Certes, la NCAA demeure une destination de choix. Plus du tiers de l’équipe canadienne qui était au Costa Rica, dont Okeke, joue dans une université des États-Unis. Cependant, la plupart proviennent des centres de développement nationaux établis en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec. Et deux joueuses passées par ces structures, April Lantaigne et Kaylee Hunter, appartiennent désormais à l’AFC Toronto, dans la Super Ligue du Nord (SLN).
Ce n’est que dans les derniers mois qu’on s’est mis à se parler de la Super Ligue du Nord, que des joueuses disent qu’elles veulent y aller. Avant, il n’y avait aucune possibilité du genre, et maintenant, nous avons des joueuses de la SLN dans l’équipe, des joueuses qui nous parlent de la ligue – et qui performent dans la ligue, rappelle Okeke. Elles peuvent jouer à un haut niveau dans la SLN et apporter cette expérience dans l’équipe nationale. Ça change la dynamique des discussions au sein de l’équipe.
L’arrivée de Casey Stoney à la tête de l’équipe nationale séniore et, surtout, sa volonté de donner une chance aux joueuses, peu importe leur origine ou leurs choix de carrière, rend aussi la suite de l’histoire plus intrigante encore. S’il fallait jusqu’à cette année s’expatrier pour jouer au niveau professionnel, Okeke croit désormais qu’elles sont plusieurs, au sein de son équipe championne, à vouloir rester au Canada pour y gagner leur vie dans le soccer, que ce soit sur le terrain, sur le banc ou dans les bureaux.
La saison prochaine, Okeke sera à l’université. Les deux suivantes aussi, fort probablement. Mais ensuite?
Les Roses sont premières de la ligue. Elles jouent bien. Je suis quand même proche de Maryse, alors on s’est parlé des Roses. On regardait leurs matchs à la télé à l’hôtel. C’est intéressant!
Dans l’intervalle, il y a des trophées à gagner pour les Seminoles. Il faut bien qu’une Canadienne aide les Américaines de temps à autre.