PROTECT YOUR DNA WITH QUANTUM TECHNOLOGY
Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayIl y a quelques jours à peine avait lieu le repêchage de la Ligue nationale. Le Canadien a sélectionné neuf espoirs dont il aimait les traits et qui peuvent aspirer un jour à jouer dans la LNH. Ils ont été sélectionnés en fonction de ce qu’ils ont fait, oui, mais surtout en fonction de leur coffre à outils.
Ces jeunes joueurs se perçoivent d’une certaine manière. Ils rêvent au meilleur des scénarios et se projettent au plus haut de leur potentiel. Mais ironiquement, même si ce potentiel est à la source de ce qui a justifié leur repêchage, le travail de l’équipe de développement du Canadien est de remettre leurs ambitions en perspective.
De les placer devant la réalité du parcours qui les attend et de les prévenir que leur cheminement chez les professionnels ne sera pas nécessairement celui auquel ils ont rêvé.
Il arrive souvent qu'un joueur soit repêché et qu'il ne devienne pas celui qu'il était dans le junior ou à l'université, rappelle Rob Ramage, le directeur du développement des joueurs chez le Canadien.
Il doit trouver une place, et ce n'est peut-être pas sur le premier jeu de puissance ou la première unité d’infériorité numérique. Alors qu'est-ce qui va lui permettre d'atteindre le niveau suivant ? Ça fait partie du processus d'éducation qu’on doit mettre en place.
Et puis, de leur côté, c'est d’accepter cela. Il y en a qui se rebiffent, et eux autres ne restent pas très longtemps.
Au cours des dernières années, le défenseur Luke Mittelstadt est l’un de ceux qui a le mieux gardé en tête les rappels de Ramage.
Le jeune frère du joueur de centre Casey Mittelstadt est un lointain choix de septième ronde en 2023, un défenseur de 5 pi 11 po qui a été ignoré deux fois au repêchage avant que le Canadien ne le sélectionne.
Mittelstadt était un arrière à caractère offensif à l’école secondaire, mais il a ajusté son jeu de manière à se donner une chance d’atteindre plus tard la LNH.
Quand on est jeune, on ne pense qu'à l'offensive, qu’à marquer des buts, mais on a besoin de gars dans l'équipe qui vont fermer la porte à l’adversaire et aider l'équipe à gagner, dit Mittelstadt.
Même s’il ne défraie pas la manchette, Mittelstadt est vu très favorablement par le Canadien. En fait, l’organisation aurait bien aimé lui faire signer un contrat après la dernière saison, mais Mittelstadt a choisi de retourner à l’Université du Minnesota pour une quatrième et dernière année afin d’obtenir son diplôme et d’essayer de remporter un championnat de la NCAA avec les Gophers.
Autant Ramage que Francis Bouillon sont vendus aux atouts de l’arrière de 22 ans qui est efficace défensivement, qui défend avec de bons angles de patinage et qui sort la rondelle de son territoire de façon intelligente.
Surtout, Mittelstadt est un modèle de constance.
C'est un de mes coups de cœur depuis qu'on l'a. Ce n’est pas un gars qui flashe et ce n'est pas un gars que tu vas remarquer si tu ne mets pas l’accent sur lui. Mais dans tous les matchs universitaires que j'ai vu de lui, tu regardes mes rapports et c’est du copié-collé. Il fait tout bien sur la glace et il est tellement intelligent. Ce sont ces gars-là qui trouvent la façon d'être intelligents qui vont finir par jouer dans la Ligue nationale.
Mittelstadt retournera donc au Minnesota où il entend exercer son leadership, entre autres auprès de son nouveau coéquipier L.J. Mooney, fraîchement repêché au quatrième tour par le Tricolore.

L.J. Mooney
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Mooney ne mesure que 5 pi 7 po, mais ses habiletés et son niveau de compétition le démarquent rapidement.
Oh mon dieu, son niveau d’habiletés est incroyable, s'est exclamé Mittelstadt. Je pense que s'il avait été plus grand de deux pouces, il aurait été parmi les cinq premiers repêchés. C'est un degré d’habiletés que je n'ai jamais vu auparavant. Je suis emballé, c’est le moins qu'on puisse dire. Ça va être amusant!
Plusieurs cordes à leur arc
À mesure que la formation du Canadien prend forme et que sa pépinière regorge d’espoirs, on tente d’orienter les jeunes joueurs vers une identité à parfaire et vers un rôle qu’ils seront susceptibles de remplir plus tard.
Un attaquant comme Tyler Thorpe, par exemple, s’est fait remarquer lors du match simulé à Brossard avec deux buts très habiles, mais on ne s’attend pas nécessairement à ce qu’il devienne plus tard un marqueur de 30 buts. En revanche, il a un physique favorable que personne ne peut lui ôter et qu’il doit apprendre à mieux utiliser.
Et avec cela viennent des changements dans la façon de jouer.
Même chose pour le défenseur Owen Protz, qui, selon The Athletic (nouvelle fenêtre), a été invité au camp d’orientation estival d’Équipe Canada Junior.
L’organisation aime le fait que Protz malmène l’adversaire et qu’il veuille s’inspirer des vieilles compilations de mises en échec qu’il regardait sur VHS au chalet. Cela dit, il est encore plus important pour Protz de tuer rapidement les jeux de ses adversaires et de leur ôter temps et espace que de vouloir jouer aux émules de Darius Kasparaitis.
Bref, il y a une sorte de paradoxe quand le repêchage passe le témoin au développement : les joueurs aiment dire qu’ils sont là pour une raison en particulier, mais c’est tout ce qui se cache derrière cette raison, tout ce qui peut être récolté en termes de facettes non explorées, qu’ils sont encouragés à mettre de l’avant.
Si le prolifique marqueur du junior ne produit plus autant chez les professionnels, aura-t-il autre chose à offrir que ses buts? Le colosse intimidant pourra-t-il jusqu’à un certain point se réinventer lorsqu’il atteindra un niveau où plusieurs ont la même silhouette que lui?
Ils sont tellement nombreux à devoir se recalibrer, faire une saine auto-évaluation d’eux-mêmes et reconnaître quel est le meilleur chemin pour atteindre leur but.
Entendons-nous, personne n’a été découragé de marquer des buts à ce camp de développement, loin de là. Mais les jeunes sont invités à ajouter un maximum de cordes à leur arc.

Michael Hage continue d'apprendre à dominer défensivement. Luke Mittelstadt continue d'apprendre à neutraliser les meilleurs joueurs.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Hage dur envers lui-même
La quantité de talent élite au camp de développement varie d’une année à l’autre. Le centre Michael Hage, choisi au 21e rang du repêchage l’an dernier, était la seule sélection top-60 présente à l’édition de cette année. Cela peut se produire quand on échange deux choix de premier tour pour aller chercher Noah Dobson.
Durant le match intra-équipe de jeudi, Hage a montré des habiletés en contrôle de rondelle qui le plaçaient au-dessus de la mêlée. Il a également fait bon usage de la dizaine de livres de plus qu’il a ajouté à sa charpente depuis la fin de sa saison à l’Université du Michigan.
Hage n’est pas à un moment de sa carrière où la compétition le force à changer son identité de joueur. Tu es un joueur élite, prends-en l’habitude, lui a d’ailleurs dit Ramage.
Non, Hage est venu chercher un autre type de conseil à ce camp de perfectionnement. C’est que le jeune centre de l’Université du Michigan prend son succès à cœur, mais il doit éviter d’être trop dur envers lui-même.
Par moments cette saison, ce trait de caractère agaçait Bouillon.
Souvent à l’entraînement, il fait un jeu, il se fait enlever la rondelle et il tombe en se faisant frapper, et je voyais sa tête baisser, a illustré Bouillon. Je lui ai dit d’enlever ça de son jeu parce que ça ne l’aide pas d’être négatif comme ça. C'est un gars qui est dur envers lui-même, il veut exceller – et c’est positif – mais si tu fais une erreur dans un match et que tu t’acharnes sur cette erreur-là, ça peut tuer ton match.
Mais c'est un gars qui est puissant sur la patinoire, qui amène la rondelle au filet et qui est capable de battre des joueurs un contre un. C’est de bon augure.
Ramage, lui, se souvient d’avoir assisté à des matchs de Hage en début de saison où il avait dominé la compétition. Mais plus tard dans le calendrier, il se rappelle l’avoir vu face à la formation de Michigan State - plus âgée et plus lourde – et Hage avait été neutralisé.
Voilà un autre exemple de la réalité qui frappe lorsqu’on atteint un nouveau niveau.
À ce titre, Hage a vécu la même chose que la jeune équipe du Rocket de Laval qui, durant les séries de la Ligue américaine, a battu deux formations en ayant le dessus au plan des habiletés… avant d’être étouffé par des Checkers de Charlotte plus aguerris.
Autant Hage que les joueurs du Rocket ont appris à la dure qu’ils devaient travailler sur leur force physique de façon à être mieux équipés la saison prochaine.
Dans les deux cas, c’est un apprentissage qui rapportera autant au Canadien qu’aux principaux intéressés.